VIDÉO - Acheter des invendus : les dessous du business des surstocks

par La rédaction de TF1info Reportage TF1 : Léa Kebdani et Hippolyte Riou du Cosquer
Publié le 22 septembre 2023 à 22h40

Source : JT 20h WE

Face à l'inflation, pour payer moins cher, certains se sont convertis aux surstocks.
Des invendus qui étaient auparavant jetés par les industriels.
Aujourd'hui, ils sont proposés à prix cassé par des plateformes en ligne.

Quand Margaux fait ses courses, c'est désormais à prix cassé. Par exemple, pour le petit-déjeuner, elle a payé sa confiture avec une ristourne de 30%. Encore mieux pour sa lessive, elle lui a coûté 50% de moins. Margaux a trouvé le bon plan four faire des économies : elle achète des invendus sur Internet. "J'ai pris de la pâte à tartiner, des choses pour les bébés avec de l'eau nettoyante et des couches de bain. Le site m'indique que j'ai économisé 24,30 euros", détaille-t-elle dans le reportage du JT de 20H en tête de cet article. 

Ça permet d'éviter le gaspillage, ça permet de faire des économies.
Margaux, mère de famille

Sur cette plateforme, on trouve des produits du quotidien bio à prix cassés dont les industriels voulaient se débarrasser. "J'ai trouvé que la démarche était vraiment intéressante parce que ça permet d'éviter le gaspillage, ça permet de faire des économies. Et puis la livraison, le fait que ce soit tout en ligne, c'est très pratique", ajoute cette mère de famille. Les articles qu'elle reçoit proviennent d'un entrepôt de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). 

Thé, café, chocolat... La start-up rachète aux industriels ce qu'on appelle les "surstocks", les stocks en trop qui ne seront pas distribués aux grandes surfaces pour des raisons de date limite trop proche, de changement d'emballage ou tout simplement de surproduction. "On a par exemple un industriel qui fait de la sauce tomate. Il a trop produit de ce produit-là. Il a deux options, soit il le jette, soit nous on lui propose une alternative, c'est de le racheter moins cher", explique Clément Mery, cofondateur de Willy anti-gaspi. Ce qui lui permet ensuite de proposer des promotions aux consommateurs sur une large gamme de produits.

La difficile gestion des matières premières

Et tous les jours, de nouveaux articles entrent en rayon. "On s'est lancé il y a 18 mois, donc on est une toute jeune société. On était deux, on est maintenant une dizaine", précise Clément Mery. Sa société travaille aujourd'hui avec 200 marques et compte 1000 références d'articles, parmi lesquels un thé glacé bio. Chez le fabricant, 40.000 bouteilles sont stockées en continu. Elles sont normalement destinées aux restaurants et aux grandes surfaces. 

Mais le jour du reportage de TF1, une des palettes est arrivée dans l'entrepôt, détérioré par la pluie. "On peut voir que le code barres est endommagé. Du coup, elles ne peuvent pas être scannées quand ça rentre dans leur entrepôt. Et du coup, techniquement, c'est compliqué pour eux d'intégrer nos produits", reconnaît Max Plé, fondateur de la marque Jomo. Résultat, revendre cette palette à la startup, même à moins 70%, va lui permettre de ne pas perdre d'argent. "On a calculé notre équilibre par rapport à ce que le produit nous coûte et aussi ça nous évite de payer des frais de destruction", ajoute-t-il.

L'autre problématique des industriels est la gestion des matières premières. C'est le cas par exemple d'une entreprise de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) qui élabore des recettes à base de poisson. "Pour garder les ingrédients plus longtemps, ils en congèlent une partie. "C'est un énorme congélateur. C'est là où on va stocker toute la marchandise surgelée", avance Wassila Grenoulloux, responsable achat et ventes chez Novofood. Une conservation qui nécessite beaucoup d'énergie. "Sur le stockage, on doit être extrêmement vigilant et on est parfois amené à devoir se séparer de marchandise qui n'est pas forcément très vieille, qu'on pourrait garder, mais qui nous coûte beaucoup trop cher en stock", poursuit-elle.

S'en séparer, oui, mais sans perdre trop d'argent. C'est là qu'intervient Tanguy de Cottignies. Son entreprise, Stokelp, met en relation différents fabricants alimentaires qui utilisent la même matière première. S'il y a trop de poissons, un autre le lui rachète pour sa propre production. "Quand on est acheteur sur la plateforme, on va acheter du coup des matières premières qui sont moins chères et qui sont en super bon état. Parce que quand on parle de surgelés, c'est des matières qui ont encore une bonne durée de vie et qu'on peut consommer dans son usine sans aucun problème", assure-t-il. Cette solution évite aussi que les fabricants ne jettent les invendus. 21% du gaspillage alimentaire est dû aux industriels.


La rédaction de TF1info Reportage TF1 : Léa Kebdani et Hippolyte Riou du Cosquer

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